Pendant des ann&eacute;es, Charlotte Gainsbourg a nourri des efforts pour ouvrir au public la maison de Serge, son p&egrave;re embl&eacute;matique. Aujourd'hui, elle vous accueille &agrave; la porte.

La Maison Gainsbourg, premi&egrave;re institution culturelle d&eacute;di&eacute;e &agrave; <a href="https://www.lofficiel.be/art-culture/serge-gainsbourg-et-jane-birkin-leur-histoire-d-amour-en-15-cliches-vintage" target="_blank" rel="noopener">Serge Gainsbourg</a>, comprend sa l&eacute;gendaire maison du 5 bis rue de Verneuil &agrave; Paris, et &agrave; proximit&eacute;, au num&eacute;ro 14, un mus&eacute;e, une librairie et un caf&eacute;-bar &agrave; piano. Serge Gainsbourg (n&eacute; Lucien Ginsburg) a v&eacute;cu dans cette maison &agrave; partir de 1969. D'abord avec <a href="https://www.lofficiel.be/art-culture/jane-birkin-nous-quitte-a-l-age-de-76-ans" target="_blank" rel="noopener">Jane Birkin</a> pendant pr&egrave;s de 10 ans, rencontr&eacute;e sur le tournage du film Slogan, puis avec sa compagne Bambou. On a pu voir quelques aper&ccedil;us de la maison dans les pages de magazines, on conna&icirc;t donc les murs int&eacute;rieurs - noirs -, le piano &agrave; queue Steinway dans le salon, les sols noirs et blancs, et les &oelig;uvres d'art les plus remarquables. Entrer dans cette maison, c'est comme p&eacute;n&eacute;trer dans un lieu sacr&eacute;.
La visite du 5 bis rue de Verneuil ne s'accompagne pas d'un guide, mais de la douce voix de <a href="https://www.lofficiel.be/art-culture/charlotte-gainsbourg-en-9-films-a-voir-absolument" target="_blank" rel="noopener">Charlotte Gainsbourg</a> &agrave; travers un syst&egrave;me audio. Mettre les &eacute;couteurs, c'est arr&ecirc;ter le temps. D&egrave;s que la porte est pouss&eacute;e, le voyage commence : "Viens, j'ai les cl&eacute;s, je t'ouvre la porte..." On a l'impression d'&ecirc;tre seul avec elle. Charlotte partage quelques souvenirs, comme celui de ne pas aller au cin&eacute;ma ou au mus&eacute;e avec son p&egrave;re, mais de regarder tous les meilleurs films am&eacute;ricains non encore sortis en France, achet&eacute;s en VHS dans une boutique des Champs-&Eacute;lys&eacute;es. Ou d&eacute;couvrir la litt&eacute;rature comme "La Pl&eacute;iade" dans sa biblioth&egrave;que personnelle. Prendre des bains avec sa m&egrave;re, Jane, qui aimait la recouvrir de talc &agrave; l'aide d'une &eacute;norme houppette. Faire des cauchemars et envoyer sa demi-s&oelig;ur a&icirc;n&eacute;e <a href="https://www.lofficiel.be/art-culture/l-histoire-tragique-de-kate-barry-la-premiere-fille-de-jane-birkin" target="_blank" rel="noopener">Kate Barry</a> r&eacute;veiller sa m&egrave;re, car Charlotte avait peur de d&eacute;ranger ses parents. Laisser son p&egrave;re se r&eacute;veiller lentement l'apr&egrave;s-midi. Ranger l'int&eacute;rieur du sac de sa m&egrave;re. Voir ses parents rentrer de bo&icirc;te de nuit alors qu'elle se rendait &agrave; l'&eacute;cole. Les policiers et les chauffeurs de taxi invit&eacute;s &agrave; boire un verre.

Charlotte Gainsbourg près du piano à queue de son père dans le salon

Collection d'art et de photographies dans le salon

Depuis la mort de Serge en 1991, la maison est rest&eacute;e intacte, avec ses fen&ecirc;tres &agrave; guillotine et sa cour de bambous. On peut observer chaque pi&egrave;ce derri&egrave;re un chandelier noir. On d&eacute;couvre des plafonds bas, des pi&egrave;ces &eacute;troites, une lumi&egrave;re tamis&eacute;e. Le salon est cach&eacute;, juste derri&egrave;re la porte d'entr&eacute;e. Il y a plusieurs pianos, mais aussi une table remplie de badges de police (Serge aimait les collectionner). On voit un canap&eacute; et plusieurs fauteuils. Sur la table basse, un t&eacute;l&eacute;phone ultra-moderne pour l'&eacute;poque. Mais surtout, il y a des objets, des photos - dont un grand tirage de Brigitte Bardot (avec qui il a visit&eacute; la maison pour la premi&egrave;re fois) -, des disques d'or, des tableaux partout. De l'autre c&ocirc;t&eacute; du couloir se trouve la cuisine, recouverte de boiseries, avec un petit r&eacute;frig&eacute;rateur transparent, semblable &agrave; ceux que l'on trouve dans les restaurants. Des bouteilles de grands vins, notamment du ch&acirc;teau High Brion, le pr&eacute;f&eacute;r&eacute; de Serge, un petit poste de t&eacute;l&eacute;vision et une porte mur&eacute;e qui a longtemps donn&eacute; sur la chambre d'enfant de Charlotte. La maison est habill&eacute;e d'une moquette imprim&eacute;e fonc&eacute;e qui parcourt les escaliers et les chambres.

A l'&eacute;tage, la chambre de Serge, qu'il a partag&eacute;e avec Jane Birkin puis avec Bambou, dans laquelle tr&ocirc;ne un immense &eacute;cran de Moucharabi&eacute;. Dans le couloir, on passe devant un dressing minimaliste o&ugrave; sont suspendus une veste militaire et un costume ray&eacute;. Au-dessus, on voit ses chemises en jean ; en dessous, les fameuses chaussures blanches Repetto Zizi de Serge, qu'il portait sans chaussettes, m&ecirc;me en hiver. Au fond, la salle de bains, avec une baignoire et des flacons de parfum sur le comptoir. Dans une autre pi&egrave;ce, sur le c&ocirc;t&eacute;, Charlotte et Kate jouaient dans une pile de v&ecirc;tements de leur m&egrave;re. C'est la seule pi&egrave;ce qui n'a pas pu &ecirc;tre restaur&eacute;e. Lorsque Jane a d&eacute;m&eacute;nag&eacute;, elle a &eacute;t&eacute; transform&eacute;e en une salle de poup&eacute;es antiques dont Charlotte confie qu'elle avait terriblement peur. Enfin, il y a le bureau de la biblioth&egrave;que et son immense fauteuil de dentiste anglais en cuir marron. Cette pi&egrave;ce est remplie de livres d'anatomie, mais aussi de livres sur la peinture, que Gainsbourg avait &eacute;tudi&eacute;e aux Beaux-Arts avant de devenir compositeur-musicien-interpr&egrave;te-peintre-sc&eacute;nariste-r&eacute;alisateur.

La maison est pleine d'histoires, de livres, d'objets, d'archives, mais surtout d'&eacute;motions. Le jour de la mort de Serge, Charlotte le d&eacute;couvre dans son lit, endormi, une jambe hors du lit, et s'installe &agrave; ses c&ocirc;t&eacute;s. Elle se souvient de tous les fans qui sont venus crier : "Je suis venu vous dire que je m'en vais". Aujourd'hui, Charlotte voit la maison ainsi : "Pour moi, elle devient un lieu de culte, de p&egrave;lerinage, de m&eacute;moire. Je tourne la cl&eacute;. Je referme la porte derri&egrave;re moi. Le temps s'est arr&ecirc;t&eacute;. Je me permets un voyage dans ma m&eacute;moire. Les odeurs sont rest&eacute;es. Je garde le souvenir vivant. En silence."
Un peu plus loin, au num&eacute;ro 14 de la rue de Verneuil, se trouve le mus&eacute;e, un long couloir avec, d'un c&ocirc;t&eacute;, un mur rempli de lettres, de partitions, de coupures de presse, de souvenirs, de v&ecirc;tements, mais aussi d'&oelig;uvres importantes, comme la sculpture de L'homme &agrave; la t&ecirc;te de chou de Claude Lalanne, le manuscrit original de "La Marseillaise" de Rouget de Lisle, et La Chasse aux Papillons de Salvador Dal&iacute;. De l'autre c&ocirc;t&eacute;, des &eacute;crans retracent des p&eacute;riodes cl&eacute;s de la vie de Serge : son origine en tant qu'enfant d'&eacute;migrants juifs russes ; son enfance &agrave; Paris ; ses &eacute;tudes de peinture ; sa fr&eacute;quentation de Brigitte Bardot, Jane Birkin et Bambou ; ses enfants ; ses compositions, telles que "Le Poin&ccedil;onneur des Lilas" et "La Javanaise" ; ses films, tels que Je T'aime Moi Non Plus en 1976 avec Jane Birkin et Joe D'Alessandro, et Charlotte for Ever en 1986 ; ses concerts, ses &eacute;missions t&eacute;l&eacute;vis&eacute;es....

"Pour moi, cela devient un lieu de culte, de p&egrave;lerinage, de m&eacute;moire. Je tourne la cl&eacute;. Je referme la porte derri&egrave;re moi. Le temps s'est arr&ecirc;t&eacute;.

Une exposition du musée de la maison

Le Gainsbarre

Couloir présentant des objets éphémères et des œuvres de la collection de Serge

Une fois la visite du mus&eacute;e termin&eacute;e, en empruntant un escalier cach&eacute; au sous-sol, vous pourrez d&eacute;couvrir le caf&eacute; et piano-bar, le Gainsbarre, qui propose une carte de d&eacute;jeuner inspir&eacute;e du room service des h&ocirc;tels et des salons de th&eacute; britanniques, ainsi qu'une carte de cocktails comprenant certains des favoris de Gainsbourg, tels que le Gibson, le Terrible et le fameux 102. Le piano-bar rappelle les d&eacute;buts du musicien chez Madame Arthur &agrave; Pigalle, au Club de la For&ecirc;t au Touquet et chez Milord l'Arsouille au Palais-Royal. Le spectacle commence &agrave; 20 heures, avec trois pianistes : Philippe Ours, Ciarri Winter et Florent Garcimore.
Le passage &agrave; la Maison Gainsbourg sera pour certains un souvenir, pour d'autres une d&eacute;couverte. Mais une chose est s&ucirc;re : il sera impossible de rester indiff&eacute;rent.

Charlotte Gainsbourg dévoile l'héritage de son père Serge à la Maison Gainsbourg

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