S&rsquo;il fallait une seule bonne raison de rentrer, d&eacute;vorer la deuxi&egrave;me saison de "The Bear" s&rsquo;impose.

La meilleure fa&ccedil;on de lancer la nouvelle saison d&rsquo;une s&eacute;rie unanimement salu&eacute;e, c&rsquo;est d&rsquo;observer l&rsquo;injonction lanc&eacute;e autrefois par le merveilleux groupe &eacute;cossais Orange Juice, "Rip it up" (and start again, compl&egrave;te le refrain emballant) - soit, tout jeter et recommencer &agrave; z&eacute;ro. Carmen, Sidney, Richard, Marcus et Tina s&rsquo;emploient ainsi &agrave; r&eacute;inventer leur sandwicherie en restaurant aspirant aux cons&eacute;crations &eacute;toil&eacute;es. Pour faire du Beef&nbsp;The Bear, il leur faudra emprunter de tortueuses routes.
Toujours aussi dysfonctionnel-les, les membres de la brigade, diversement impact&eacute;-es par les tourments psychologiques, s&rsquo;emploient &agrave; donner vie &agrave; ce nouveau lieu, en d&eacute;pit de tracasseries (euph&eacute;misme poli) administratives (r&eacute;alistes, l&rsquo;on conna&icirc;t des chef-fes s&rsquo;en faisant des ulc&egrave;res), concevant avec soin leurs recettes, jusqu&rsquo;au moindre d&eacute;tail, calculant &agrave; la seconde pr&egrave;s les mises en place des plats, les attentions en salle les plus invisibles mais d&eacute;cisives, go&ucirc;tant et remettant cent fois le m&eacute;tier sur l&rsquo;ouvrage. La belle id&eacute;e de cette saison tient &agrave; ses digressions, telle cette magnifique parenth&egrave;se o&ugrave; Marcus part &agrave; Copenhague d&eacute;couvrir de nouvelles techniques - enrichissant son imaginaire culinaire -, &agrave; l&rsquo;&eacute;quilibre tenu dans l&rsquo;observation des personnages, invitant de nouveaux protagonistes (dont des guests tr&egrave;s stars, m&eacute;nageons la surprise), au rythme d&rsquo;une narration dense, mais sachant m&eacute;nager des respirations, des sorties d&rsquo;apn&eacute;e, pour mieux replonger dans la claustrophobie de la gestation du restaurant, film&eacute; comme un pr&eacute;cipit&eacute; de la vie m&ecirc;me.

Jeremy Allen White

Ebon Moss-Bachrach

Ayo Edebiri

Lionel Boyce

Cette capacit&eacute; &agrave; circuler entre les enjeux - intimes, &eacute;conomiques, cr&eacute;atifs - donne &agrave; la s&eacute;rie une &eacute;nergie sensorielle aussi &eacute;lectrisante que touchante.&nbsp;Un merveilleux &eacute;pisode, un flashback sur un repas de No&euml;l familial, installe fermement The Bear parmi les s&eacute;ries qui auront compt&eacute; dans l&rsquo;histoire du genre. Virtuose, certes, s&ucirc;re aussi de ses effets dramatiques parfois un peu faciles (disons que si l&rsquo;on partage les go&ucirc;ts musicaux du superviseur musical, le c&ocirc;t&eacute; playlist Spotify zappant sans cesse d&rsquo;un morceau &agrave; l&rsquo;autre, portant le sceau de la coolitude indie est un peu fatiguant, parfois), elle rebondit de probl&egrave;mes en solutions (et inversement), port&eacute;e par des interpr&egrave;tes incarnant avec justesse des personnages lib&eacute;r&eacute;-es des st&eacute;r&eacute;otypes - Jeremy Allen White, Ebon Moss-Bachrach (le cousin Richard), <a href="https://www.lofficiel.be/mode/ayo-edebiri-decryptage-des-meilleurs-looks-de-l-actrice-star-de-the-bear" target="_blank" rel="noopener">Ayo Edebiri</a>, pour ne citer que les forces motrices principales. 
Le contraste constant entre tensions et &eacute;motions compose une cr&eacute;ation id&eacute;ale. Si nous l&rsquo;aimons tant, c&rsquo;est aussi parce qu&rsquo;elle nous &eacute;voque des &eacute;crivains am&eacute;ricains chers, qui &eacute;crivaient si puissamment sur les bonheurs de la table, tels Jim Harrison et le merveilleux James Salter. Dans "Light Years" (publi&eacute; en France par les Editions de L&rsquo;Olivier sous le titre "Un bonheur parfait"), il avait cette formule, &agrave; la simplicit&eacute; d&rsquo;ha&iuml;ku, aussi lumineuse qu&rsquo;&eacute;vidente : "Life is weather, life is meals".&nbsp;
Une s&eacute;rie cr&eacute;&eacute;e par Christopher Storer. Avec Jeremy Allen White, Ebon Moss-Bachrach, Ayo Edebiri, Lionel Boyce, Liza Col&oacute;n-Zayas et Abby Elliott. Disponible sur Disney+.

"The Bear" est enfin de retour sur Disney+ !

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