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Sebastien Nagy : le photographe belge qui conquiert les cieux

Suspendu entre ciel et terre, le Bruxellois Sébastien Nagy poursuit le rêve de capturer la photo parfaite... Rencontre avec celui dont les photos deviennent toutes virales et dont l’Instagram compte plus de 190 000 fans.
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Être influenceur et gagner sa vie grâce à Instagram : ce qui était impensable il y a dix ans est aujourd'hui un travail à part entière. Mais Sebastien Nagy a sa manière bien à lui de faire les choses. Ce Bruxellois de 33 ans a escaladé des gratte-ciel pour le fun, mais aussi pour poster la photo ultime sur Instagram. Cinq ans plus tard, plus aucun toit ne lui est inconnu et il photographie depuis les airs les endroits les plus spectaculaires, aux quatre coins du monde.

Il y a cinq ans, vous escaladiez les gratte-ciel bruxellois. Aujourd'hui, vous immortalisez les endroits les plus exotiques d'Europe, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique. Comment prenez-vous vos photos exactement ?

Avec le temps, je suis devenu un peu paresseux (rires), et je ne monte plus jusqu’au 50e étage pour prendre une photo. Grâce à mon drone, je peux la prendre n’importe où et ainsi créer un cliché unique. Depuis un an, je suis indépendant à titre principal en tant que photographe d'architecture et de nature. J’organise très précisément mes voyages. Je sais à l'avance quoi, où et même quand je vais prendre mes photos. Tout dépend de l'atmosphère que je veux leur donner. Une fois sur place, je prends le temps nécessaire pour élaborer mon concept et le visualiser. Je ne fais le post-traitement qu’une fois de retour à la maison, car je n'ai absolument pas envie de passer du temps là-dessus sur place. Cette année, j'ai un peu moins voyagé, mais j’affiche actuellement 30 pays au compteur. C’est difficile à expliquer, mais je dois ressentir quelque chose pour un lieu avant d’éprouver le désir de le photographier. J'aime l'inhabituel et quand je me dis 'waouh' en découvrant un endroit, je me trompe rarement.

 

Vous pensez vos photos à l’avance ou vous suivez votre instinct ?

Mes photos requièrent un travail de préparation, mais font également appel à mon intuition. Je trouve souvent des endroits intéressants en surfant sur le web. Ensuite, je planifie mon voyage vers cette destination, ou je la garde pour plus tard. Sur place, je me laisse guider par mon feeling et ma créativité. Presque à chaque fois, je suis agréablement surpris et je découvre des spots qui ne figuraient pas dans mon programme.

 

Quel pays préférez-vous photographier ?

De manière générale, je suis dingue du Japon. J'y suis allé au printemps 2019, j'adore l'atmosphère qui y règne. C'est tellement différent de l'Europe.

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© Sebastien Nagy

Ville ou campagne ?

Au début, je ne photographiais que des scènes urbaines, parce que j'aime l'architecture. Mais je voyage de plus en plus vers des destinations bucoliques. La nature est beaucoup plus paisible que les grandes villes bruyantes.

 

Quand estimez-vous avoir pris la photo parfaite ?

Je suis extrêmement critique envers moi-même et je place toujours la barre très haut. Je ne suis jamais satisfait. Mais à partir du moment où j'ai une idée que je n'ai pas vue ailleurs, je m’extasie déjà rien qu’en visualisant l'image.

 

Lever ou coucher de soleil ?

Lever de soleil sans hésitation ! L'atmosphère est beaucoup plus mystérieuse et dans tous les cas, il fait beaucoup plus calme. Je préfère être seul, sans me sentir oppressé par 50 photographes autour de moi qui se battent pour une photo de coucher de soleil.

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© Sebastien Nagy

L'endroit le plus spécial que vous ayez photographié ?

L’Al Maha Resort dans le désert de Dubaï était très spécial. J’ai été particulièrement content des photos que j'y ai prises.

 

Votre meilleur souvenir ?

Ce n'est pas mon endroit préféré, mais Dubaï restera à jamais gravé dans ma mémoire, car c’était la première fois que je voyageais en dehors de l’Europe. Je me souviens exactement de ce sentiment lorsque nous avons pris le taxi de l'aéroport au centre-ville, et avons découvert toute cette architecture bouleversante pour la première fois. Cette nuit-là, je n’ai pas fermé l’œil, j'ai attendu l'aube pour monter sur un toit et photographier le lever du soleil.

 

Vous arrive-t-il d'avoir des démêlés avec les autorités locales ?

J'ai eu des ennuis à Kyoto. Mon drone est tombé en rade et a atterri sur un parking privé. Malheureusement, le propriétaire était présent et ça ne l’a pas fait rire. Il a mis mon drone en mille morceaux. Finalement, la police est intervenue, mais personne ne parlait anglais. Ça n’a pas été plus loin. J'ai compris à l'époque que les drones y sont manifestement interdits.

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© D.R.

Quelle est la chose la plus dingue que vous ayez faite pour une photo ?

Parfois, j’avoue que c’est du délire. Il arrive que je déniche un bel endroit sur Google Earth et que je saute dans le premier avion parce que je veux à tout prix le prendre en photo. Ça relève d’une obsession, je sais. Mes amis disent que je suis dingue, que je ferais n'importe quoi pour une photo. En effet, rien ni personne ne peut m’arrêter...

 

De quoi rêvez-vous encore ?

J'espère pouvoir continuer à faire ce que je fais aujourd'hui, tout en prenant une direction plus artistique. J'espère pouvoir vivre de ce qui me procure une vraie satisfaction, sans être dépendant de clients extérieurs.

 

On ne sent pas seul quand on parcourt le monde, à la recherche constante de la photo parfaite ?

Honnêtement, chacun peut se sentir seul dans sa ville, sans l’être physiquement. Personnellement, le toit d’un bâtiment pour profiter en toute tranquillité du spectacle d'un beau coucher de soleil me suffit.

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