Art & Culture

Faut-il voir la dernière saison de "La Fabuleuse Mme Maisel" ?

Hélas, il est temps de quitter l’héroïne renversante d’une série unique.

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"Comment te dire adieu" s’interrogeait Françoise Hardy en 1968, se dire convenablement goodbye, sans déplorer les modalités des adieux comme Leonard Cohen ? Dilemme parfois prosaïquement résolu mais souvent hérissé d’épines : il arrive quelque fois qu’une série nous aspire si fortement dans son sillage que l’impression de l’habiter au quotidien nous saisit. S'en arracher est un crève-cœur. Découverte dans ces heures molles et mornes du confinement, avec retard, La Fabuleuse Mme Maisel nous avait sidéré par sa finesse d’écriture, ses interprètes extraordinaires, son humour révolté et mélancolique. Sa délicatesse plastique, enfin, et son art pour dessiner des personnages aussi complexes qu’attachants, la rendaient absolument singulière, éclatante de vitalité créative dans un paysage télévisuel qui, depuis, semble s’être tristement aligné sur une seule tonalité, monotone, anxiogène, prévisible. Elle évoquait volontiers les grandes heures du cinéma classique hollywoodien, par son énergie, sa malice, le soin apporté à chaque détail de la mécanique comique. S’il est toujours préférable de ne rien dire d’un récit et de ses ressorts, pour laisser intact le plaisir de la découverte, disons seulement que nous retrouvons Midge Maisel là où nous l’avions laissée : pas au mieux.

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Alex Borstein © Philippe Antonello/Prime Video
 Rachel Brosnahan et Luke Kirby © Philippe Antonello/Prime Video
De gauche à droite :  Joel Johnstone, Rachel Brosnahan, Michael Zegel © Philippe Antonello/Prime Video
De gauche à droite :  Caroline Aaron, Kevin Pollak, Michael Zegen, Rachel Brosnahan, Marin Hinkle, Tony Shalhoub © Philippe Antonello/Prime Video

Les épisodes mis à notre disposition - tous, à l’exception du dernier -, se déploient avec beaucoup de liberté, suivant des figures familières, dont l’exceptionnelle Susie (Alex Borstein, modèle d’actrice comique), la manageuse de Midge, les parents, etc., accordant à tous et toutes un regard empathique. Disons aussi qu’à l’image de la première saison, dans une habile boucle, Maisel est (re)plongée dans des zones d’inconfort, repartant au combat pour creuser des brèches et se faire sa place - ce qui, au fond, est une problématique universelle : dans quel espace pouvons-nous être pleinement soi-même, épanoui-e , et comment l'obtenir ? Cette patine métaphysique concerne l’ensemble des protagonistes, et distille au cœur de la série l’essence même de la comédie, un traitement virevoltant, acide, tourmenté, burlesque, de nos interrogations existentielles. S'émanciper des conventions, s'affranchir des règles pour (re)définir son identité et la revendiquer fièrement : ces enjeux cruciaux sont au cœur de ces cinq saisons, traités avec une élégance jamais prise en défaut. Enfin, comment se séparer d’une série amie pour la vie, sans dire à quel point elle a offert à une extraordinaire comédienne, Rachel Brosnahan, l’occasion d’exprimer un talent inouï : son sens du timing, de la nuance, du silence, bref, de tout ce qui rend l’art du jeu un art unique, devrait l’installer durablement sur les écrans. 

Créée par Amy Sherman-Palladino. Avec Rachel Brosnahan, Tony Shalhoub, Alex Borstein, Marin Hinkle et Michael Zegen. Disponible sur Prime Video à partir du 14 avril. 3 épisodes seront disponibles le 14, puis un par semaine. 

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