En voulant ressusciter l&rsquo;esprit Gaultier, Duran Lantink l&rsquo;a peut-&ecirc;tre trahi. Son premier d&eacute;fil&eacute; pour la maison, &ldquo;Junior&rdquo;, divise violemment : g&eacute;nie provocateur pour certains, irrespect total pour d&rsquo;autres.

Pr&eacute;sent&eacute; dans les sous-sols du Mus&eacute;e du Quai Branly, le premier d&eacute;fil&eacute; de Duran Lantink pour Jean Paul Gaultier, baptis&eacute; &ldquo;Junior&rdquo;, se voulait un hommage vibrant &agrave; la ligne culte Junior Gaultier (1988&ndash;1994). Le designer n&eacute;erlandais y pr&ocirc;nait une mode &ldquo;vivante, d&eacute;complex&eacute;e, urgente&rdquo;, fid&egrave;le &agrave; l&rsquo;esprit libertaire du fondateur. Marini&egrave;res d&eacute;form&eacute;es, imprim&eacute;s tattoo en 3D, trompe-l&rsquo;&oelig;il scintillants et jeux de proportions dysmorphiques : la collection revendiquait la transformation permanente, la mutation comme moteur cr&eacute;atif.
Mais si le communiqu&eacute; &eacute;voque une &ldquo;r&eacute;surrection du pr&ecirc;t-&agrave;-porter Gaultier&rdquo;, la r&eacute;ception du show fut bien plus houleuse. Nombre de critiques ont d&eacute;nonc&eacute; une parodie vulgaire de l&rsquo;h&eacute;ritage Gaultier, une caricature bruyante o&ugrave; la provocation semblait gratuite. L&rsquo;esth&eacute;tique radicale de Lantink, h&eacute;rit&eacute;e de ses exp&eacute;rimentations autour du recyclage et de la distorsion, a &eacute;t&eacute; jug&eacute;e par certains comme irrespectueuse, voire m&eacute;prisante envers la maison, symbole d&rsquo;un savoir-faire et d&rsquo;un humour sophistiqu&eacute;.
En cherchant &agrave; &ldquo;duranifier&rdquo; Gaultier, le cr&eacute;ateur semble avoir franchi une ligne fragile : celle qui s&eacute;pare la transgression inspir&eacute;e du chaos vide. Pourtant, au-del&agrave; du scandale, ce d&eacute;fil&eacute; pose une question essentielle : comment faire revivre une ic&ocirc;ne sans l&rsquo;embaumer ? Lantink a choisi le risque plut&ocirc;t que la r&eacute;v&eacute;rence, la collision plut&ocirc;t que la continuit&eacute;. Et si le choc fut brutal, il rappelle que la mode, chez Gaultier comme chez Lantink, ne s&rsquo;excuse jamais d&rsquo;&ecirc;tre libre.

Duran Lantink pour Jean Paul Gaultier : la liberté au risque de l’irrévérence

Tags

Articles associés

Fashion Week

Chloé SS26 : l’art de l'“entre deux”

Fashion Week

Magda Butrym SS26 : l’instinct du chic

Fashion Week

Alessandro Michele ravive la flamme romantique chez Valentino

Recommandé pour vous

Fashion Week

La nouvelle aristocratie selon Ludovic de Saint Sernin

Fashion Week